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    Le but du dialogue inclusif consiste à impliquer toutes les parties en conflit dans la recherche des solutions aux problèmes. Tous les acteurs de la crise tchadienne doivent s'asseoir ensemble pour dialoguer et trouver des pistes de sortie de crise. La commission Indépendante pour le Dialogue Inclusif (CIDI) est ouverte à toutes les personnes physiques ou morales susceptibles de l'aider à accomplir sa mission jusqu'à terme. Le mandat de la CIDI prendra fin avec la tenue effective du dialogue inclusif.

     

    Mars 2008 – Paris : Débat Inter Tchadien
    THEME : DIALOGUE INCLUSIF
    Du 29 au 30 mars 2008

    RAPPORT QUINTESSENCIÉ

    Un colloque intitulé « Débat inter tchadien » a été organisé les 29 et 30 mars 2008 à Paris. Le symposium s'est ouvert par la présentation de l'ONG Caring for Kaela (CFK) et le rôle qu'elle a joué dans son organisation, ses objectifs et la nécessité de sa tenue à Paris. CFK n'est pas intervenue dans les travaux et les participants ont désigné à l'unanimité un modérateur en la personne du Dr Djimé ADOUM pour diriger le Débat et un rapporteur en la personne de Mahamat Ahmat Kébir. L'objet du colloque a porté sur la nécessité de plancher sur deux points:


    1. Le contexte de la crise nationale
    · ciblage de la crise par les participants et identification des problèmes
    2. La stratégie de sortie de crise
    · identification des solutions

    I. IDENTIFICATION DES PROBLEMES

    - Persistance d'une injustice sociale après l'indépendance du Tchad ;
    - Absence d'un idéal commun caractérisée par l'inexistence d´un repère national (lien, symbole) commun autour duquel les Tchadiens pourraient se reconnaître et s´identifier. La notion de Nation est remise en cause ;
    - Existence d'une hiérarchie avant l'arrivée du colonisateur au Tchad suivie par une division planifiée dont l´ethnocentrisme et le clanisme en sont les résultats ;
    - Remise en cause de la démocratie à l´occidentale au Tchad. Est-ce vraiment la solution pour le Tchad ?
    - Tribalisme, égoïsme, manque de confiance des populations vis-à-vis des politiques et des opposants ;
    - Confiscation du pouvoir ;
    - Etat du mouvement syndical au Tchad en déliquescence ;
    - Inégale répartition des richesses et des droits économiques et sociaux ;
    - Y aurait-il des solutions aux problèmes actuels du Tchad sans un dialogue global de tous les acteurs concernés ?
    - Confiscation des biens de l'Etat par le pouvoir ;
    - Gestion non transparente des revenus du pétrole ;
    - Violations des multiples accords de Paix par Deby (Syrte, Abbas Koty, Ketté Moïse, Laokem Barde, Bichara Digui, Youssouf Togoïmi, Constitution…) ;
    - Remise en cause de la bonne foi du chef de l'Etat pour non-application des accords de paix séparés signés précédemment ;
    - Influence de la communauté internationale qui aide Idriss Deby à s'ériger en dictateur au Tchad ;
    - Absence d´une armée nationale véritable ;
    - Le régime tchadien n'est inquiété que par le langage des armes employé par les politico-militaires ;
    - Marginalisation de l'opposition démocratique et la société civile qui souhaitent à leur tour voir un changement radical intervenir au Tchad par tous les moyens ;
    - Le départ imminent de l'actuel président du Tchad apportera-t-il la paix ?


    QUESTIONS :
    - Qu'est ce que le dialogue inclusif et qu'est ce qu'on en attend ?
    - Quelle en est la finalité ?
    - Qui faut-il inviter?

    Il faut définir les conditions du dialogue politique et la question du rapport des forces.

    EXPLICATIONS
    Les intervenants ont étudié et défini le concept du dialogue inclusif par l'identification de six éléments pouvant servir de base à sa préparation et pour lesquels un cahier des charges a été établi.

    Définition du Dialogue Inclusif

    Dialogue : déposer les armes et se mettre autour d'une table pour discuter de ce qui va et ne va pas au Tchad. Finalité : cessations des hostilités, retour de la paix.
    Inclusif : impliquer tout le monde. Eviter le risque d'exclure des personnes qui n'appartiennent pas à des sensibilités politiques ou des associations.
    Lieu : dans un pays neutre n´ayant pas interféré dans la crise tchadienne.
    Coordination : sous l´égide de l´Union africaine.

    Le but du dialogue inclusif consiste à impliquer toutes les parties en conflit, tous les acteurs de la crise, pour trouver des pistes de solutions aux problèmes du Tchad, ce qui nécessite une transition pour l'organisation des élections libres et transparentes. Le concept du « dialogue inclusif » est défini par les deux termes qui le composent

    Pré-conditions à résoudre et actions à mener pour arriver au Dialogue Inclusif

    Six éléments ont été identifiés pour travailler sur le concept du dialogue inclusif au Tchad. Ces éléments sont soutenus par les deux questions essentielles : Pourquoi le Président Deby refuse-t-il le dialogue politique inclusif ? Avec le Président Deby comme Président, est-il possible que les Tchadiens puissent aller vers un dialogue politique inclusif puisqu´il est partisan des accords séparés ?


    1. Refus de Deby /Manque de crédibilité du Président Deby
    - Une mobilisation générale et une pression collective susciteront l'obligation chez le Président Deby l'acceptation du dialogue politique inclusif tant souhaité par une majorité de Tchadiens pour sortir de l'impasse.
    - Proposer une sortie honorable au Président Deby.
    - Approcher et sensibiliser les proches du pouvoir pour qu'ils acceptent de négocier avec tous les groupes représentatifs (y compris les principaux acteurs de la rébellion tchadienne, la société civile et les forces vives du pays).

    2. Question de la disparition de Ibni Oumar Mahamat Saleh
    - Création d´une commission d´enquête en y incluant des personnalités neutres et indépendantes.

    3. Cessation des hostilités
    - Obtenir des projets concrets de programme politique des politico-militaires ;
    - Cibler et fusionner les objectifs communs poursuivis par les deux camps belligérants, les identifier afin de pouvoir faire des approches de point de vue ;
    - Amener l'AN à prendre en compte les attentes de la CPDC et des forces vives du pays.

    4. Participation de toutes les composantes
    - Sensibiliser les Tchadiens à s'asseoir entre Tchadiens et discuter ;
    - Cibler ceux qui travaillent dans l´ombre ;
    - Vulgariser la stratégie de sortie de crise.

    5. Soutien de l'Extérieur
    - Lobbying auprès des anciens chefs d'Etat et des instances internationales pour faire pression sur le Président Deby ;
    - Identifier une personne morale pour chaque instance internationale pour la mise en œuvre de ce programme.

    6. Non-existence d'une armée nationale
    - Recruter des soldats sur des critères géopolitiques pour éviter de se retrouver avec une armée clanique pour aboutir à une armée mixte ;
    - Inciter ceux qui le souhaitent à insérer la vie civile ;
    - Réactiver le service national et supprimer la garde présidentielle ;
    - Refonder l'organigramme de l'armée et réviser les accords de coopération de 1976 ;
    - Désarmer les populations civiles.


    Se basant sur le cahier des charges, les missions de la C.I.D.I consistent à travailler en toute transparence pour :

    - Développer des stratégies pour la mise en application du programme
    - Développer des stratégies de communication et de vulgarisation
    - Confectionner des outils de suivi et d'évaluation
    - Collecter et analyser les données sur la performance en vue d'aboutir au dialogue inclusif.

    II. STRATEGIE DE SORTIE DE CRISE EN SIX PROPOSITIONS

    La proposition des ébauches de solutions à la crise tchadienne est faite dans une perspective de court, moyen et long terme.

    1. Refus du Président Idriss Deby au dialogue

    Á court terme

    · Approcher et sensibiliser les proches du pouvoir sur la nécessité du dialogue inclusif
    · Discuter le délai de six mois pour la tenue du dialogue inclusif
    · Ce qu'il faut faire :
    - appeler ou envoyer des courriels pour obtenir leur accord dans le cadre de la CIDI
    - soumettre un rapport de synthèse d'une page à la CIDI.

    Á moyen terme

    · Etudier les accords de paix signés de part et d'autre
    · Relever les points communs
    · Etudier les raisons de non-application
    · Ce qu'il faut faire :
    - Analyser les documents des accords
    - Soumettre un rapport de synthèse d'une page à la CIDI
    Délai imparti : 2 mois

    Á long terme

    · Confectionner les outils de suivi et de control
    · Mettre en œuvre les pactes
    · Control et suivi des résultats
    · Délai imparti : 2 mois
    · Ce qu'il faut faire :
    - Confectionner les questionnaires
    - Collecter et analyser les résultats
    - Soumettre un rapport de synthèse d'une page à la CIDI

    2. Question de la disparition du Dr Ibni Oumar Mahamat Saleh

    Á court terme

    · Demander la création d'une commission d'enquête indépendante
    Délai imparti : 1 mois

    Á moyen terme

    · Demander à ce que lumière soit faite sur l'enlèvement et la libération du Dr Ibni
    · Délai imparti : 2 mois
    · Ce qu'il faut faire :
    - Suivre de près les travaux de la commission de recherche
    - Soumettre un rapport de synthèse d'une page à la CIDI
    · Initiation au dialogue
    Délai imparti : 2 mois
    3. Cessation des hostilités

    Á court terme

    · Inventorier les chefs de l´opposition armée
    · Convaincre les parties en belligérance d'accepter de cesser les hostilités
    · Ce qu'il faut faire :
    - Appeler ou envoyer des courriels pour obtenir leur accord dans le cadre de la CIDI
    - Soumettre un rapport de synthèse d'une page à la CIDI
    - Initiation au dialogue

    Á moyen terme

    · Cibler et fusionner les objectifs communs poursuivis par les deux camps belligérants, les identifier afin de pouvoir faire des rapprochements de point de vue
    · Amener la coalition rebelle « l'Alliance Nationale » à tenir compte des attentes de la CPDC et des forces vives du pays
    · Ce qu'il faut faire :
    - Appeler ou envoyer des courriels pour obtenir les programmes de société
    - Initiation au dialogue
    - Soumettre un rapport de synthèse d'une page à la CIDI
    Initiation au dialogue (délai imparti : 2 mois)

    Á long terme

    · Créer un rapport de force égal avec les
    autres composantes
    · Harmoniser les différentes positions
    · Signature de cessez-le-feu définitif
    · Ce qu'il faut faire :
    - Appeler ou envoyer des courriels pour obtenir leur accord dans le cadre de la CIDI
    - Soumettre un rapport de synthèse d'une page à la CIDI
    · Initiation au dialogue (délai imparti : 2 mois)

    4. Sensibiliser toutes les couches sociales du pays afin d'assurer la présence et la participation de tous

    Á court terme

    · Inventorier et convaincre les sceptiques et les inviter à adhérer aux fruits du travail de la CIDI
    · Délai imparti : 2 mois
    · Ce qu'il faut faire :
    - Appeler ou envoyer des courriels pour obtenir leur accord
    - Soumettre un rapport de synthèse d'une page a la CIDI
    · Cibler ceux qui travaillent dans l´ombre
    · Vulgariser la stratégie de sortie de crise.
    Délai imparti : 2 mois

    Á moyen terme

    · Recruter de nouveaux membres pour la
    CIDI
    Délai imparti : 1 mois
    Responsabiliser les nouveaux membres (délai imparti : 1 mois)
    · Développer la stratégie de communication (délai imparti : 1 mois)
    · Ce qu'il faut faire :
    · Tous les membres de la CIDI en fonction de leur sous-commission
    - Appeler
    - Sécuriser
    - Produire

    Á long terme

    · Développer les modules de formation/sensibilisation
    · Mettre en œuvre la formation/sensibilisation
    · Déterminer le niveau de compréhension des populations par rapport aux objectifs de la sensibilisation
    · Délai imparti : 2 mois
    · Ce qu'il faut faire :
    - Confectionner les modules de formation
    - Soumettre un rapport de synthèse d'une page à la CIDI
    - Identifier les formateurs
    - Identifier les moyens de communication
    · Initiation au dialogue (délai imparti : 2 mois)

    5. Soutien de l'extérieur

    Á court terme

    · Cibler les pays susceptibles d'aider pour cette sortie de crise
    · Définir les personnes clef pour chaque pays impliqué dans la crise tchadienne et identifier une personne morale pour chaque pays pour la mise en œuvre de ce programme.
    Délai imparti : 2 mois

    Á moyen terme

    · Sécuriser l'engagement des Nations unies, USA, France, Chine, UA, et de l´UE
    · Délai imparti : 2 mois
    · Ce qu'il faut faire :
    - Appeler ou envoyer des courriels pour obtenir leur agrément
    - Soumettre un rapport de synthèse d'une page à la CIDI
    · Initiation au dialogue (délai imparti : 2 mois)

    Á long terme

    · Assise du dialogue inclusif
    · Coordination gérée par l´UA
    · Supervision du dialogue par l´ONU
    · Sécurité appuyée par la France
    · Délai imparti : 6 mois
    · Ce qu'il faut faire :
    - Obtenir l'agrément d'un médiateur
    - Sécuriser les fonds
    - Déterminer l'endroit de l'assise
    - Convoquer les participants
    - Soumettre un brouillon de canevas contenant les éléments du dialogue inclusif
    - Tenue du dialogue
    Responsabilité : tout le monde

    6. Non-existence d'une armée nationale

    Á court terme

    · Inventorier les mouvements politico-militaires en cas d'accord de paix avec le gouvernement.

    Á moyen terme

    · Etudier la possibilité de réorganiser la garde présidentielle.
    Cet aspect n'entre pas dans les compétences de la CIDI mais s'inscrit dans la stratégie de la transition.

    Á long terme

    La reforme de l'armée se fera pendant la transition et ne relève pas du ressort de la CIDI.


    Commission Indépendante pour le Dialogue Inclusif (CIDI)

    Coordonnateur: Dr Djimé Adoum
    Conseiller porte-parole: Mme Bourkou Louise
    Conseiller chargé des missions avec les partis politiques et la société civile: Ahmed Idriss
    Conseiller adjoint chargé des missions avec les partis politiques et la société civile: Mahamat Ahmat Kébir
    Conseiller chargé des missions avec les politico-militaires: Bandjim Bandoum
    Conseiller adjoint chargé des missions avec les politico-militaires: Abdelmanane Khatab
    Conseiller chargé des missions avec l'Union européenne : Mahamat Djibrine Haroun
    Conseiller chargé des missions avec l'Afrique: Hadj Bineye
    Conseiller: Balamgoto Silas
    Conseiller: Djibrine Abakar Khirachi
    Conseiller: Oumar Abbadogo
    Conseiller: Françoise Ndoula

    La commission Indépendante pour le Dialogue Inclusif (CIDI) est ouverte à toutes les personnes physiques ou morales susceptibles de l'aider à accomplir sa mission jusqu'à terme. Le mandat de la CIDI prendra fin avec la tenue effective du dialogue inclusif.

    Pour la Commission Indépendante pour le Dialogue Inclusif (CIDI),

    Dr Djimé Adoum

     


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  • Nord Sud: Ne rien dire, rien entendre et rien voir?
    20071019rugbyNordSud_1_
    et pourtant.......

    De beaucoup des Etats africains, le Tchad est l'un de ceux qui, le plus souvent, défrayent la chronique. Ce grand pays contrasté à plusieurs niveaux, son histoire politique contemporaine est tumultueuse et l'élément marquant de celle-ci est certes la guerre dont les conséquences sont: le banditisme, les rébellions, les répressions, injustice et les incorrections dans tout le pays. Quels sont les mobiles exacts de ce conflit qui troublent tant le Tchad depuis son indépendance à nos jours? Voilà, la seule question doit-être posée par tout tchadien ! 

    Je suis ni nordiste ni sudiste, je suis tout simplement citoyen tchadien... Nord-sud est un débat archaïque de notre génération et je vous demande au nom du peuple tchadien, au nom de la population du Nord et du Sud d'arrêter avec ce débat, qui pas d'importance concrète pour résoudre le conflit tchadien.Pensons-nous  et analysons-nous autrement pour trouver une véritable solution au conflit, au troisième millénaire le Tchad doit beaucoup changer surtout en mentalité; mais non restait avec des idées archaïques qui n'arrange et arrangera pas la population du Nord ni du Sud. 

    De 1960 à nos jours, la sphère politique tchadienne est marquée par la succession des régimes d'oppression qui, par leurs pratiques dictatoriales ont engendré des soulèvements populaires et ont conduit ce grand et beau pays à une guerre civile. Cette situation de permanentes révoltes peut se justifier d'une part par l'immature politique de certains leaders et d'autres part, cette situation peut aussi s'expliquer par les jeux des détenteurs du pouvoir car tout groupe. "C'est une sagesse politique de veiller à ce qu'il y ait des ennemis afin que l'unité des membres reste efficace et que le groupe demeure conscient que son intérêt vital réside dans son unité" Malheureusement c'est souvent au sein de l'élite au pouvoir que commencent les dissidences au Tchad.

    Des soulèvements s'ensuivent. La violence devient le moyen de communication de l'élite au pouvoir pour la protection des ses acquis. Alors on débouche sur des drames. C’est pouquoi, la souffrance du peuple tchadien dans cet imbroglio de nos hommes politiques reste une constance dans le temps. Ces politiciens et ces guérilleros perpétuent des répressions de plus en plus sauvages qui endeuillent le pays et ce faisant affaiblit les forces du progrès vers un véritable développement. C'est pourquoi désormais pour certains tchadiens, le devenir politique du pays dépend de ce climat de révolte. Cependant, on ne peut construire un pays comme le Tchad par les armes. Le comportement perfide de ces politiciens et la loi de la jungle qui règnent sur la scène politique ont perpétué depuis 1960 à ce jour une " politicaillerie" notoire au Tchad. Certes, partant de ce conflit qui pousse les leaders à conquérir le pouvoir par les armes, on parle des régimes politiques au Tchad en termes d'ethnie; mais non du Nord-Sud. Ainsi, chaque groupe ethnique qui parvient au pouvoir se croit supérieure aux autres et tente d'établir sa domination par la violence. C'est pourquoi, actuellement, beaucoup de tchadiens ne sont pas fiers les uns des autres. (C’est la vérité).       

    Cette situation trouble est entretenue par le pouvoir politique, cela peut aussi s'expliquer par le fait que: là où la rébellion a vécu règne toujours le désordre, la violence, l'injustice. Bref une dictature qui à son tour provoque des dissidences par conséquent un recommencement de la guerre. Ainsi, il ne sert à rien de présenter les faits comme Nord-Sud tels qu’était évoqué par mes compatriotes sur le site tchadespoir.net et encore hante les esprits musulmans-chrétiens. Il nous faut trouver des portes de sortie ailleurs afin d'éviter une nouvelle tragédie qui serait sans doute une apocalypse pour certains tchadiens. Lorsqu'on se penche sur l'héritage de la politique coloniale au Tchad et que l'on cherche à définir les fondements de ce conflit qui dure plus de trois décnies, alors on se heurte à des difficultés considérables pour trouver un élan. Aujourd'hui, ce qui parait évident est que: les autorités politique tchadiennes ont hérité des colonisateurs une situation sociopolitique difficile à gérer dans ce grand pays le Tchad. Puisque la grande mission première d'un gouvernement dans un Etat comme le Tchad est de: découvrir le mode de vie en commun des citoyens, maintenir la paix et l'unité nationale au moyen de l'éducation de manière à ce que chacun place l'intérêt général au-dessus de l'intérêt particulier. Or, ce sens ayant manqué aux hommes politiques tchadiens a eu comme effet: l'échec total de tous les régimes politiques dans leur mission de N'Garta à Deby. Mieux, de l'indépendance à nos jours, tous les hommes politiques ont eu ceci de commun, chacun cherche l'honneur, le plaisir, l'autosatisfaction à sa famille ou communauté, la richesse etc.

    La détention d'un poste de responsabilité devient un bien familial ou clanique et cela était depuis l'indépendance que personne ne peut nier aujourd'hui. Dès qu'un leader accède au pouvoir au Tchad, il se croit infaillible, invulnérable, la cupidité et l'injustice font passer le pouvoir d'une main à une autre.NE SONT-ELLES PAS LÀ LES  VRAIES RAISONS QUI, du jour au lendemain font perdurer ce vieux conflit tchadien fratricide au lieu de l'oblitérer ?

    Depuis l'éclatement de ce conflit tchadien à ce jour assez d'encre a coulé dans les colonnes des journaux et les rayons des bibliothèques ne manquent de contenir des publications à ce sujet. Aujourd’hui, l'homme de la rue et l'auditeur étranger ont une vue caricaturale de ce conflit et ont à l'esprit l'idée d'un affrontement nord-sud ou musulmans-chrétiens, mais loin s'en faut à la pensée. Le conflit tchadien n'est pas le problème nord-sud comme pensaient beaucoup de gens suite de la guerre sauvage de 1979.Il s'agit à notre avis d'un conflit entre les élites politiques qui manipulent ces données à des fins politiques. C’est pourquoi par cette réaction qui n'est juste qu'une contribution, sera que le champ politique afin de révéler au grand jour l'iceberg de ce vieux conflit. Ce qui n'était qu'une simple jacquerie suite aux exactions des autorités politiques a donné naissance à une des rébellions les plus longues du continent africain et qui, depuis des années éternise une guerre au Tchad. 

    Pour conclure, dans l'état actuel des choses, ce qui importe pour décrisper ce conflit est la moralisation de la population tchadienne car la morale est la vertu cardinale pour toute vie sociale paisible. Cette moralisation doit être fondée sur des maximes afin de rétablir la dignité humaine de l'homme tchadien brisée par des vicissitudes de la guerre. L'homme moral est celui qui sait agir selon les règles de préséance et il agit d'un homme responsable. Il faut que cette moralisation amène les citoyens tchadiens à une prise de conscience collective à propos desquelles se mêlent la division technique et la hiérarchie du travail social, quant on sait que le Tchad compte environs 75% de sa population est encore analphabète.

    La seconde étape de cette moralisation devait être forcement l'éducation qui n'a autre but que l'instruction de la population dans son ensemble. L’élimination définitive d'un conflit social est une simple question d'orgasation politique intelligente des hommes politiques d'un pays donné, exactement c'est le cas du conflit tchadien. <o:p></o:p>

    Gaya-Ple Seïd
    bitkine2002@yahoo.fr


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    Les comptes-rendus des réunions d’Idriss Déby au jour le jour (acte 1) – yorongar.com<o:p></o:p>

    Jacques Attali ne disait-il pas qu’un homme d’État « sait fort bien que toute son action est faite pour être un jour connue de tous. Il parle donc en conséquence, même en privé. C’est ce qui le distingue d’un politicien. Si tous les acteurs de la vie publique agissaient de la sorte, on en aurait vite fini avec le double langage. Je me plais à imaginer ce que deviendrait l’histoire si aucun dictateur ou démagogue n’était à l’abri d’une prompte publication de l’ensemble de ses propos. La transparence est une garantie de démocratie. Abolir ou réduire le secret, c’est à dire l’appropriation privée de l’information, c’est entamer l’ultime rempart d’élites autoproclamées » . <o:p></o:p>

    Les comptes-rendus des réunions d’Idriss Déby au jour le jour (acte 1)
    (13.08.1997) <o:p></o:p>

    Réunion entre Idriss Déby, le Conseiller aux relations internationales et à <st1:personname w:st="on" productid="la Coopération">la Coopération</st1:personname> etc. <o:p></o:p>

    Objet : Orientation de la coopération. <o:p></o:p>

    7h00. Idriss Deby, décide de reconnaître <st1:personname w:st="on" productid="la Chine Taiwan.">la Chine Taiwan.</st1:personname> Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération (MAEC), Mahamat Saleh Annadif, se trouve à Taipei pour mettre à jour les documents de la coopération et préparer une visite d’Idriss Déby. Celui-ci parle de la mutation du monde en citant les pays africains qui ont déjà repris leurs relations avec « l’Ile rebelle ». Il s’agit du Sénégal, de <st1:personname w:st="on" productid="la Gambie">la Gambie</st1:personname>, du Mozambique, du Burkina, de l’Afrique du sud. Il énumère les anciennes réalisations de Taiwan au Tchad : l’Hôtel <st1:personname w:st="on" productid="la Tchadienne">la Tchadienne</st1:personname> devenu le Novotel, l’Huilerie d’Abéché tombée en ruine faute de matières premières, les Casiers A et B de Bongor pour la culture du riz, etc. <o:p></o:p>

    Il est 7h 30 : Réunion élargie au Premier Ministre, Président de l’Assemblée Nationale, Conseiller aux Relations Internationale et à <st1:personname w:st="on" productid="la Coopération">la Coopération</st1:personname> et au Secrétaire général à la présidence. Objet : Coopération avec Taiwan. <o:p></o:p>

    Il est 7h 30, quand le Premier ministre (PM), Nassour Oueddou, et le Président de l’Assemblée nationale (PAN) et le général Kamougué Wadal Abdel-Kader arrivent au palais de Djambalngato où ils sont introduits dans le bureau d’Idriss Déby leur explique la situation. Il argumente la nouvelle orientation en matière de politique étrangère. D’emblée, ce dernier cite de Gaulle selon lequel «  les États n’ont pas d’amis mais des intérêts  ». Il parle d’infrastructures routières, socio-éducatives, sanitaires qui seront financées par Taiwan. Le départ de <st1:personname w:st="on" productid="la Chine Populaire">la Chine Populaire</st1:personname> ne sera pas ressenti par la population, ajoute-t-il, parce que Taiwan se propose de remplacer <st1:personname w:st="on" productid="la Grande Chine">la Grande Chine</st1:personname> partout où besoin sera. <o:p></o:p>

    Idriss Deby : «  Il n’y aura pas de problèmes. Le vide sera comblé. Nous avons pensé à tout  ». Idriss Déby se montre enthousiaste, optimiste et rassurant. Il parle d’un pont à double voie à construire sur le Chari. Ce pont viendrait en appui au pont vétuste de Chagoua (déjà amorti), d’adduction d’eau et de l’électrification d’une dizaine de villes tchadiennes. Il annonce des chiffres. Il trouve que <st1:personname w:st="on" productid="la Grande Chine">la Grande Chine</st1:personname> n’a pas réalisé grand-chose au Tchad. Elle investissait à compte-gouttes. Le Palais du 15 janvier, l’hôpital de la liberté, quelques bourses d’études, des armes et des tenues pour l’armée tchadienne. <o:p></o:p>

    Idriss Deby : «  C’est insuffisant pour se condamner à une étreinte éternelle au nom des principes idéologiques tombés en désuétude depuis la chute du mur de Berlin. Le temps où <st1:personname w:st="on" productid="la Chine Populaire">la Chine Populaire</st1:personname> avait le vent en poupe du fait de sa contribution non négligeable à la libération du continent est révolu. Ce n’est pas de l’ingratitude. Ce sont nos intérêts qui nous dictent un tel raisonnement  ». <o:p></o:p>

    Idriss Déby évalue en francs Cfa la coopération avec <st1:personname w:st="on" productid="la Chine Populaire">la Chine Populaire</st1:personname> et la compare avec les promesses attendues des Taiwanais. C’est sans commune mesure. Il répète à plusieurs reprises la formule magique de de Gaulle : « <st1:personname w:st="on" productid="la France">la France</st1:personname> n’a que des intérêts à défendre ».. <o:p></o:p>

    Kamougué : « Pourquoi ne pas relancer toute notre coopération avec les pays asiatiques sur des nouvelles bases, des bases commerciales, techniques, culturelles ? Je suggère également d’entreprendre des démarches auprès de l’État d’Israël pour une éventuelle reprise de nos relations diplomatiques. Les Israéliens sont tout à côté de nous, au Cameroun. Presque tous les pays arabes ont repris avec l’État hébreu. Pourquoi pas nous ? » <o:p></o:p>

    Idriss Deby : « Qui doit faire le premier pas ? Israël ou nous ? Qui est demandeur ? » <o:p></o:p>

    Kamougué : « C’est à étudier avec le Ministre des affaires étrangères et de la coopération. Nos techniciens trouveront la meilleure formule. L’essentiel, c’est reprendre nos relations. Nous serons les grands gagnants ». <o:p></o:p>

    Idriss Déby hésite. Il calcule le risque. Il doit penser avant tout à l’épée de Damoclès libyenne et aux turbans soudanais qui le maintiennent presque en laisse. L’opinion nationale ne compte jamais dans ce genre de choix. On ne la consulte pas. On l’informe à peine sur le bien-fondé des choix. <o:p></o:p>

    La reprise avec Taiwan avait fait l’objet de longues tractations. Ces tractations avaient commencé en 1993 avec l’arrivée au Tchad d’une délégation d’hommes d’affaires taiwanais. Lol Mahamat Choua était le Président du CSt et Abbas Ali ancien Ambassadeur du Tchad en Chine Populaire le Président de <st1:personname w:st="on" productid="la Commission">la Commission</st1:personname> des affaires étrangères et de la coopération. La délégation avait été reçue par le bureau du Parlement assisté du Président de <st1:personname w:st="on" productid="la Commission">la Commission</st1:personname> des affaires étrangères. Mais compte tenu d’un certain nombre de considérations psychologiques, affectives, l’accueil n’avait pas été chaleureux. Cet accueil avait été réduit à quelques visites de courtoisie aux « autorités » , de séance de travail avec <st1:personname w:st="on" productid="la Chambre">la Chambre</st1:personname> de Commerce et d’Industrie et d’échange de cartes de visite. <o:p></o:p>

    Abbas Ali ex Ambassadeur du Tchad à Pékin et qui continuait à cette époque de rouler ouvertement pour <st1:personname w:st="on" productid="la Chine Populaire">la Chine Populaire</st1:personname>, avait pesé de tout son poids et usé de toutes ses relations au CST pour faire capoter le « dossier des Taiwanais ». <o:p></o:p>

    Abbas n’était pas le seul « militant de la cause de <st1:personname w:st="on" productid="la Grande Chine">la Grande Chine</st1:personname> ». Beaucoup de Conseillers, par simple conviction anti-impérialiste, s’opposaient à la reprise des relations avec Taiwan. Il y avait des ténors du CST comme Mahamat Djarma, Dr Idriss Moussa Yayami, Bang Madi Bernard, Djibrine Assali, Gouara Lassou ( ex Ministre des affaires étrangères de Habré ), Manga Djibia Mangué, Doudé Ossoga, Nabia Ndali, Fatimé Issa Ramadan, Bechir Assamani, Bourkou Louise, Abderaman Goukouni, Hassan Younous, Ahmat Mahamat Hassan, Pirkolossou, Amoula Waya, etc. qui étaient farouchement opposés à l’existence même de Taiwan considérée comme une Île rebelle appelée un jour ou l’autre à revenir à la raison, à regagner les rangs. Ces conseillers, figures incontestables de la transition démocratique des années 90, étaient les partisans d’une certaine vision du monde bipolaire où Taiwan n’était qu’une goûte insignifiante dans l’océan humain chinois. Lol Mahamat Choua n’avait pas de position claire. D’habitude, il se range toujours du côté de la majorité, du côté du plus fort. Cela fait partie de son réalisme politique qui le rend parfois admirable lorsque la majorité est une vraie donnée. Lol, comme il le dit lui-même, n’aime pas s’adosser sur des sacs vides ! Plus que le rejet de la reconnaissance de Taiwan, Abbas a obtenu que le CST rassure ouvertement l’Ambassadeur de <st1:personname w:st="on" productid="la Chine Populaire">la Chine Populaire</st1:personname> que le Parlement tchadien ne pas « laisser passer la trahison de l’amitié ». <o:p></o:p>

    Des recommandations, suite à une séance consacrée spécialement à l’amitié tchado-chinoise, ont été faites au gouvernement Fidèle Moungar. Il a été invoqué, entre autres raisons de continuer à coopérer avec <st1:personname w:st="on" productid="la Chine Populaire">la Chine Populaire</st1:personname>, la place qu’elle occupe dans le monde en général et au Conseil de Sécurité en particulier. <o:p></o:p>

    Trois ans plus tard, cette argumentation sera balayée au nom de l’intérêt d’État. Il faut ajouter que les Taiwanais ont emprunté d’autres voies : Le service des hommes bien introduits au Palais Rose, notamment Mansour Cama (un homme d’affaires sénégalais proche de Abdou Diouf ) et Pierre Aïm un « commerçant de farine » qui se fait passer pour un ami d’Idriss Déby et qui est d’ailleurs à « tu et à toi » avec lui. <o:p></o:p>

    Le Premier ministre Nassour ne dit rien étant entendu que les affaires étrangères sont un domaine réservé d’Idriss Déby. Kamougué s’accroche sur la nécessité de reprendre avec l’État d’Israël. <o:p></o:p>

    Kamougué : « Nous renouons avec Israël et nous nous expliquons ensuite avec nos amis libyens et soudanais. J’espère qu’ils ne vont pas nous réveiller des fronts parce que nous aurons osé cela ? » <o:p></o:p>

    Idriss Deby : « Tu connais bien les Libyens, Kamougué ! ». <o:p></o:p>

    Idriss Déby tutoie le Premier ministre, le Président de l’assemblée nationale et tous ses autres collaborateurs en qui il a confiance. <o:p></o:p>

    Après le départ de Kamougué et de Nassour, Idriss Déby retient ses collaborateurs du premier cercle pour quelques minutes. Il leur confie les dossiers relatifs à la gestion des passeports diplomatiques qui « font trop de bruits ». Il semble que ce document est devenu l’objet d’un véritable trafic, que des femmes aux mœurs fragiles ont réussi à se le procurer. Idriss Déby leur demande de suivre à la lettre la révision du décret portant détention du passeport diplomatique. Il s’agit du projet de décret portant modification du décret 230/PR/PM/92 réglementant le passeport national tchadien et du projet de décret déterminant la liste des bénéficiaires des passeports diplomatiques et des passeports de service. <o:p></o:p>

    Idriss Deby : « Cette histoire de passeport est mauvaise pour l’image de notre pays. Un club d’amis s’est formé autour de moi. C’est un écran opaque qui m’assourdit et m’aveugle. Je m’informe grâce à mes amis étrangers. Je ne suis pas quelqu’un de compliqué. Je ne refuse pas la vérité et je reconnais mon tort. Le problème, c’est que les gens ne me disent pas la vérité. Ce qui se dit dans la rue est très important. Il faut apprendre à l’écouter. Un réajustement est nécessaire chaque fois qu’un problème se pose. Il faut s’informer pour avoir une idée précise et décider sans recul, réagir en toute conséquence ». Si Idriss Déby écoutait la vérité, on n’en serait pas là. Il n’écouté que la vérité qu’il veut bien entendre. <o:p></o:p>

    12h00. Idriss Déby confie à ses collaborateurs un document qui va être remis au Chargé de Mission (CM), Saleh Macki qui doit le représenter à Melfi dans le cadre de la reprise officielle des activités de la culture de coton dans cette partie du pays. Cela fait partie des promesses électorales du PR. Le député Issakha Malloua et le SGG adjoint Mahamat Zene Yaya sont derrière cette affaire. Il faut dire cependant que les techniciens de <st1:personname w:st="on" productid="la COTONTCHAD">la COTONTCHAD</st1:personname> sont contre cette relance. Selon eux, la région ne présente pas toutes les garanties infra structurelles. « Par où va-t-on acheminer le coton de Melfi ? Quel sera la capacité de l’usine d’égrenage de Melfi ? » s’interroge Brahim Malloum, le DG de la mamelle de l’économie tchadienne.<o:p></o:p>

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    Par Achille Mbembe <o:p></o:p>

    Il n'est pas certain que l'extrême personnalisation du conflit et la diabolisation de l'un des principaux protagonistes - Robert Mugabe en l'occurrence - aient aidé en quoi que ce soit à clarifier les enjeux de la lutte sociale et politique en cours au Zimbabwe. <o:p></o:p>

    D'une part, en faisant de cet autocrate un monstre absolu et le parangon de l'irrationalité, on se prive des moyens d'expliquer comment, pendant les quinze premières années de son règne, il est parvenu à bâtir un pays relativement moderne, doté d'infrastructures viables et d'une économie sans doute insuffisamment diversifiée, mais à plusieurs égards productive. On fait également l'impasse sur le fait qu'au cours de cette période, il a assuré à une bonne partie de ses citoyens un minimum de sécurité sociale.<o:p></o:p>

    Au passage, le Zimbabwe a enregistré d'importants progrès en matière de scolarisation et de santé, fructifiant ainsi son capital humain et portant celui-ci à des niveaux que n'avait jamais atteint le régime colonial. D'autre part, en faisant comme si Mugabe était à lui tout seul la cause de tous les malheurs du Zimbabwe, on oublie que jusqu'à la fin des années 1990, son pouvoir reposait sur une base sociale relativement élargie. Il bénéficiait en effet du soutien actif de groupes d'intérêt et d'une caste passablement bien organisée, bien représentée au sein de l'appareil d'État, de l'armée, de la bureaucratie et dans les entreprises en particulier, et profondément enracinée dans la société. Contrôlé par le parti dominant (Zanu-Pf), l'État décidait des avantages et des exemptions, accordait des faveurs, distribuait des subsides et garantissait la transmission des avantages acquis. En contrepartie des possibilités d'ascension sociale, de mobilité professionnelle et d'accumulation des richesses, cette constellation d'intérêts toléra plus ou moins, au cours de la même période, un modèle d'assujettissement fait de répression policière, de paternalisme et d'accommodement négocié. Auréolé de la légitimité forgée au cours de la lutte contre le régime raciste et minoritaire d’Ian Smith, Mugabe était parvenu par ailleurs à instiller au sein de la population zimbabwéenne une sensibilité et une fierté patriotique, nationaliste et anticolonialiste. <o:p></o:p>

    Les affiliations partisanes nonobstant, cette sensibilité fait désormais partie intégrante de la culture politique de ce pays et contribue à en façonner l'identité sur la longue durée. Par assentiment, par peur ou par habitude, la contrainte avait été peu à peu internalisée même si la dissidence en tant que telle n'avait jamais été totalement étouffée. Dans les zones rurales, l'éthos du pouvoir était plus ou moins partagé par la population, et la répression, virtuelle, occasionnelle ou récurrente, n'explique pas à elle seule les formes d'adhésion culturelle dont bénéficia ce projet de domination. <o:p></o:p>

    Du reste, c'est la combinaison de ces facteurs qui explique qu'après 28 ans au pouvoir et malgré la défection de certains de ses soutiens historiques (syndicats, classes moyennes désormais appauvries, jeunes sans emploi des bidonvilles et cadres frappés par la clochardisation), Mugabe commande encore aujourd'hui près de 43% des suffrages, soit un peu moins de la moitié de la population en âge de voter. Le mélange d'hystérie et d'hypocrisie qui, à l'intérieur et hors du Continent accompagne la tourmente en cours ne contribue qu'à obscurcir davantage encore ce qui, n'eut été l'ampleur des souffrances inutiles endurées par la population et notamment par les plus démunis, ne serait qu'une banale crise d'une dictature essoufflée, dont la perversité n'a d'égale que la sénilité. <o:p></o:p>

    Après tout, la manière dont Mugabe aura colonisé la société zimbabwéenne et exercé le pouvoir depuis 1981 est loin d'être unique dans les annales des satrapies africaines. Si l'on écarte les massacres perpétrés dans le Matabeleland au début des années 1980 et qui, de l'avis de nombreux observateurs, vaudraient sans doute un passage devant le Tribunal Pénal de <st1:personname w:st="on" productid="la Haye">la Haye</st1:personname>, il est responsable de bien moins de morts que de nombreux autres tyrans africains. Après tout, les coresponsables du génocide au Rwanda et les seigneurs des guerres d'Angola, du Mozambique, du Darfour, d'Éthiopie et d'Érythrée, du Burundi, d'Ouganda, de l'Est du Congo Démocratique, de <st1:personname w:st="on" productid="la Sierra Leone">la Sierra Leone</st1:personname> ou de <st1:personname w:st="on" productid="la Somalie">la Somalie</st1:personname> portent bien sur leurs têtes - calcul macabre s'il en était - au minimum deux ou trois bons millions de victimes directes et indirectes. <o:p></o:p>

    La plupart jouissent pourtant d'une totale impunité et les chances de les assigner un jour en justice sont quasi-inexistantes. Sur un autre plan, Mugabe n'est pas le seul tyran sénile à vouloir, par tous les moyens, rester au pouvoir jusqu'à sa mort. Qu'il s'agisse de Paul Biya (Cameroun), Omar Bongo (Gabon), Idriss Deby (Tchad), Eduardo dos Santos (Angola), Denis Sassou Nguesso (Congo), Lansana Conté (Guinée), Ben Ali (Tunisie), Yahya Jammeh (Gambie), Hosni Mubarak (Égypte), Muammar Gaddaffi (Lybie), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Yoweri Museveni (Ouganda), Meles Zenawi (Éthiopie), Paul Kagame (Rwanda) ou Teodoro Obiang Nguema (Guinée Équatoriale), la durée au pouvoir de nombreux autocrates africains varie entre 20 et 40 ans. <o:p></o:p>

    La possibilité de renverser par la voie électorale les régimes établis n'existant pratiquement pas, seule la mort du despote sous sa forme naturelle (maladie) ou criminelle (meurtre, assassinat) est susceptible de mettre un terme (et encore) à la tyrannie. Finalement, en matière de " bonne gouvernance", le Zimbabwe n'est pas le seul pays africain à avoir fait l'expérience de fraudes électorales. Dans la plupart des pays francophones par exemple, la corruption électorale et la brutalité politique constituent, depuis l'époque coloniale, des rouages essentiels du maintien au pouvoir. Par ailleurs, en dépit de la confiscation de propriétés redistribuées ensuite aux hommes de main du régime, la fortune personnelle de Mugabe est de très loin inférieure au butin amassé des décennies durant par les kleptocrates du Kenya, du Nigéria, du Gabon, de Guinée ou du Cameroun où la privatisation des ressources publiques, la prédation et la vénalité constituent des modes à part entière de gouvernement. Misères du nationalisme anticolonial Comment se fait-il donc que dans un continent généralement livré au cynisme et à la perversité, cet ancien héros de l'indépendance, symbole d'une certaine idée de l'émancipation africaine, soit tombé si facilement dans la trappe du mépris et de l'opprobre et ait été si prestement désigné pour servir de bouc émissaire aux turpitudes de tous, Africains et non-Africains, alors que ses agissements relèvent de ce qui, ici, a fini par tenir lieu de norme ? Aux yeux de nombreux Africains, l'explication tient en un mot.<o:p></o:p>

    Mugabe est mis à l'index parce qu'il aurait attenté à la propriété des fermiers blancs. Se serait-il limité à brutaliser ses congénères noirs que ses agissements n'auraient suscité aucun cri de haine de la part de ceux qui, aujourd'hui, veulent sa tête sur le plateau d'argent des droits de l'homme et de la démocratie. Mais l'on peut également faire valoir que par-delà l'hypocrisie et le cynisme des nations, la raison principale de son échec tient à la faillite politique et morale d'une certaine idée de l'émancipation africaine héritée des nationalismes anticoloniaux de l'après-guerre. La présence de fortes minorités blanches a marqué d'une empreinte singulière l'expression des nationalismes africains en Afrique australe. Dans cette sous-région caractérisée dès le XVIIIème siècle par l'implantation de colonies de peuplement, des États racistes avaient été mis en place dans la foulée de la conquête européenne.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Dans la mise en ?œuvre de cette politique des races, ces États avaient érigé la ségrégation, la cruauté et l'expropriation économique des Africains en autant d'éléments décisifs de leurs modes de gouvernement. Pendant longtemps, l'Afrique du Sud constitua l'emblème paroxystique de cette perversité. Or, de l'idéologie coloniale et raciste, les nationalismes africains ont repris, sur un mode mimétique, deux éléments centraux. D'une part, ils ont adhéré à l'idée alors répandue au long du XIXème siècle selon laquelle la colonisation fut un processus de conquête, d'asservissement et de " civilisation " d'une race par une autre. Au demeurant, la plupart des mouvements armés luttant pour l'indépendance de l'Afrique ont internalisé la fable selon laquelle l'histoire elle-même se ramènerait à un affrontement des races. Dans cette lutte pour la vie, les conflits de race ne se superposeraient pas seulement aux conflits de classe. La race serait la matrice des rapports de classe et, à ce titre, le moteur de la guerre sociale. L'idéologie de la suprématie blanche (dont les nationalismes africains étaient la réponse) partait exactement du même postulat. Au sein des États racistes de l'Afrique australe, les indigènes n'étaient pas des citoyens. Ils étaient des sujets raciaux considérés comme des ennemis tant qu'ils ne se soumettaient pas sans conditions à un ordre politique gouverné par la violence. Politique et violence formaient, dans tous les cas, un seul et même faisceau, une distinction étant cependant établie entre la violence supposée pure des mouvements de résistance et la violence jugée immorale des colonisateurs. Dans le même esprit, les mouvements armés anticoloniaux considéraient que l'ennemi était toujours, par principe, d'une autre race. L'émancipation consistait, quant à elle, à purifier constamment la société de cette autre race, de préférence en inversant radicalement les rapports de propriété et en restituant aux Africains tout ce qu'ils perdirent au moment de l'affrontement initial (terres, traditions, dignité).<o:p></o:p>

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    Déracialisation de la propriété Le deuxième élément que les nationalismes africains empruntèrent à l'idéologie coloniale avait trait à l'identification de la politique et de la guerre. Là où cette conflation de la politique et de la guerre fut poussée jusqu'au bout comme ce fut le cas en Angola et dans une moindre mesure au Mozambique, la conséquence fut la défaite militaire des colons blancs, leur départ massif et l'accaparement de leurs biens par les nouveaux régimes, l'instauration d'États nègres, l'avènement d'une nouvelle classe dominante suivi d'une guerre civile prolongée et opposant cette fois-ci les Noirs entre eux. Dans les cas où en dépit de la lutte armée, les conditions d'une victoire militaire nette ne furent jamais réunies, les mouvements de libération utilisèrent la violence en tant qu'élément complémentaire d'une stratégie de négociation et de compromis foncièrement politique. Au terme de tels compromis, ces États se sont retrouvés avec de substantielles minorités blanches. <o:p></o:p>

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    Défaites sur le plan politique, ces minorités ont néanmoins conservé l'essentiel de leurs biens après la décolonisation. Dans nombre de cas, ces minorités raciales continuent d'exercer une hégémonie culturelle sur la société. Il en est ainsi de l'Afrique du Sud et, dans une bien moindre mesure, de <st1:personname w:st="on" productid="la Namibie">la Namibie</st1:personname> et du Zimbabwe. Déracialiser le pouvoir et la propriété au bénéfice des Africains, tel a donc toujours été le moteur des nationalismes anticoloniaux en Afrique australe. En dépit des compromis passés au moment de la transition des " pouvoir pâles " aux " pouvoirs nègres", l'idée d'un renversement radical des rapports coloniaux de pouvoir et des rapports de propriété a continué de hanter l'imaginaire politique de ces pays longtemps après les indépendances. C'est ce qui est arrivé au Zimbabwe lorsque, sur fonds de crise économique au début du XXIème siècle, l'ancien mouvement de libération a été obligé de faire face à une opposition interne et structurée. Afin d'étouffer cette opposition, le régime au pouvoir a alors fait main basse sur l'extraordinaire gisement symbolique qu'a toujours représenté, dans la société et la culture, le rêve de désacralisation de la propriété. En même temps, il a réactivé la ressource imaginaire que fut, au moment de la mobilisation anticoloniale, la lutte des races. Mais cette fois-ci, la race en question est composée à la fois des fermiers blancs et de l'opposition noire. Dans un bouillonnement brouillon qui n'avait rien de révolutionnaire, la lutte pour le maintien au pouvoir a été assimilée à la lutte anticoloniale. Sous le couvert d'une réforme foncière menée dans une brutale improvisation, il a confisqué des fermes appartenant à des zimbabwéens blancs avant de les transférer à ses affidés, à la manière d'un butin de guerre. Puis, faute d'armer purement et simplement tous ses partisans, il s'en est pris aux structures de l'économie dans le but d'instrumentaliser le désordre et le chaos.<o:p></o:p>

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    Il en a résulté une dégradation dramatique des conditions matérielles des populations et une paupérisation généralisée que les problèmes de ravitaillement, la dévaluation vertigineuse de la monnaie, le recours aux réquisitions et au contrôle des prix et des salaires n'ont fait qu'accélérer. La quasi-confiscation des élections ne constitue qu'un épisode de plus de ce long processus. Sortir de l'indigénisme Qu'il s'agisse de la colonisation ou de l'apartheid, l'expérience des " pouvoirs blancs " en Afrique a été désastreuse. Qu'il en ait été ainsi s'explique largement par le fait que ces pouvoirs étaient mus par la logique des races et l'esprit de violence qui en était le corollaire. Dans leur forme comme dans leur contenu, les nationalismes africains se sont malheureusement contentés de récupérer à leur profit et dans un geste purement mimétique et cette politique des races, et son esprit de violence. Au lieu d'embrasser la démocratie, ils ont mis cette logique et cet esprit au service d'un projet de perpétuation de leur propre pouvoir. C'est ce projet d'un pouvoir sans autre justification que lui-même qui, aujourd'hui, rencontre ses limites au Zimbabwe et ailleurs sur le Continent.<o:p></o:p>

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    Dans la crise au Zimbabwe se jouent par conséquent deux ou trois questions décisives pour l'avenir de l'Afrique. D'une part, si le rêve d'émancipation africaine n'a été que l'envers mimétique de la politique et de la violence de la race mise en branle par la colonisation, alors il est temps d'imaginer une sortie du nationalisme qui ouvre la voie à une conception afropolitaine et post-raciale de la citoyenneté, faute de quoi les Africains d'origine européenne n'ont aucun avenir en Afrique. D'autre part, les Africains d'origine européenne n'auront d'avenir en Afrique que si l'on procède effectivement à une déracialisation et une mutualisation de la propriété. Déracialiser la propriété ne signifie pas expropriation pure et simple des blancs, mais investissements multiformes en vue de la fructification de l'ensemble du capital humain disponible. Or, cette fructification de l'ensemble du capital humain disponible n'est guère possible dans un contexte de tyrannie. D'où l'inconditionnelle nécessité d'un véritable passage à la démocratie. Tel étant le cas, Mugabe - et tous les autres - doivent partir. Mais qui peut jurer aujourd'hui que leurs successeurs feront nécessairement mieux ?<o:p></o:p>

    Source : Quotidien Mutations<o:p></o:p>

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    Par Enoch Djondang - Article paru le 11 juin 2008 - Ialtchad Presse<o:p></o:p>

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    L’éditorialiste du pouvoir MPS M. Djonabaye Dieudonné dit Bendjo, ex-porte parole du journal N’Djaména Bi-hebdo et de <st1:personname w:st="on" productid="la Ligue Tchadienne">la Ligue Tchadienne</st1:personname> des Droits de l’Homme (LTDH), avait réalisé un reportage très intéressant diffusé à <st1:personname w:st="on" productid="la T←l←- Tchad">la Télé- Tchad</st1:personname> , avec des images d’époque montrant feu le président François N’garta Tombalbaye dans sa croisade contre le Soudan du général Djafar El-Nimayri en 1965. L’objectif  déclaré était d’établir un parallélisme quasi- absolu entre les déclarations et le combat « natio- naliste » de Tombalbaye d’avec celui du général Idriss Deby Itno (IDI) qui serait, selon le réalisateur, l’héritier spirituel du premier président.<o:p></o:p>


    Nous n’allons pas nous intéresser à cet aspect de la question ; nous saisissons la balle au bond pour faire plutôt une analyse historique sommaire, surtout à l’attention des jeunes tchadiens qui ne disposent d’aucun repère pour connaître la vraie histoire de leur pays.
    <o:p></o:p>

    A l’origine     
    Qu’est-ce qui avait amené Tombalbaye à s’attaquer au Soudan en 1965 ? Pour mieux le comprendre, il faut revenir au contexte de l’époque. Cette année-là, le premier mouvement armé contre le pouvoir central de Fort-Lamy venait de se créer au Soudan, en l’occurrence le FLT de Mahamat Ahmat Moussa
    . Un autre groupe, le FROLINAT (Front de libération nationale du Tchad), celui qui allait bouleverser le destin de ce pays, était en gestation et sera créé l’année suivante à Nyala, toujours au Soudan. Donc, à l’origine du conflit tchado soudanais, il y eu le rôle majeur du grand voisin dans la formation de la contestation armée contre un pouvoir X installé à N’Djaména. Le Soudan était sous la forte influence du régime nationaliste pan arabiste de Gamal Nasser en Egypte. L’idéologie dominante était la lutte contre l’impérialisme occidental qui chercherait à détruire l’identité culturelle et religieuse du monde arabo- musulman. Tous les mouvements de contestation armée qui verront le jour ici et là reprendront à leur compte cette idéologie comme base de leur programme politique. Les mouvements armés tchadiens ne seront pas du reste. C’était le prix du soutien des pays arabes !<o:p></o:p>

    Les causes     
    Ce que ne disait pas Tombalbaye, c’est sa propre responsabilité dans la tournure des évènements. En effet, Tombalbaye une fois au pouvoir à la faveur de l’Indépendance, se soucia plus de la conservation de son fauteuil et fit les mauvais choix politiques qui lui coûteront finalement la vie. En 1962, il imposa une révision constitutionnelle renforçant ses prérogatives et imposa le parti unique pour couper l’herbe sous les pieds de ses adversaires, à l’époque presque tous originaires du « grand Nord » (Koulamallah, Abbo Nassour, etc.). La démocratie parlementaire fructueuse de 1946 fut abolie au profit de la dictature et du pouvoir personnel. Ce qui déboucha sur la première révolte populaire du 16 septembre 1963 à Fort-Lamy (Quartier Mardjane Daffeck et consorts) réprimée dans le sang par la toute jeune armée tchadienne encadrée par des officiers français.
    <o:p></o:p>

    Les soutiens extérieurs         
    Tombalbaye s’appuya sur le soutien de
    <st1:personname w:st="on" productid="la Fran￧afrique">la Françafrique</st1:personname> et de <st1:personname w:st="on" productid="la L←gion">la Légion</st1:personname> étrangère française pour nourrir son arrogance politique et son penchant pour l’exclusion. Ses opposants, qui ne pouvaient pas se renier en ralliant le parti unique PPT RDA, préférèrent jouer sur l’opportunité du soutien arabe via le Soudan, pour organiser leur réplique à cette dictature. La géopolitique régionale leur allait être favorable, car avec le boom pétrolier des années 70, les pays arabes allaient disposer de grands moyens de pression sur l’Occident pour imposer leur volonté hégémonique sur l’Afrique subsaharienne. Dès lors, nos deux grands voisins du Nord et de l’Est prendront de l’ascendance sur la quasi-totalité des élites dites « nordistes » du Tchad, devenant les parrains incontournables de leur marche progressive vers le pouvoir. Tombalbaye désabusé se retournera contre le Sud à qui il imposera, sous couvert d’initiation ‘Yondo’ chez les Saras d’une part et en lançant la périlleuse et brutale « opération 750000 tonnes de coton » au village de Kalgoua de l’autre, un climat insupportable d’oppression des fonctionnaires, de délation et d’incarcérations de dignitaires militaires soupçonnés de prendre conscience de l’état déliquescent du régime, (le mythe de ‘Moabaye planton au ministère du plan’). La trahison et la mort clôtureront son épopée politique.<o:p></o:p>

    Les premières illusions de victoire    
    Cependant, le FROLINAT ne connaîtra sa véritable apogée qu’après Tombalbaye. Pourquoi ? Parce que l’ancien président était un homme intelligent et rusé. Après avoir utilisé
    <st1:personname w:st="on" productid="la L←gion">la Légion</st1:personname> française pour affaiblir les foyers rebelles du Centre- Est entre 1968-1970 (Le fondateur Ibrahim Abatcha a été capturé, tué et décapité vers Am Timan, sa tête exposée au bâtiment de l’actuel Ministère des Relations Extérieures),  Tombalbaye se tourna brusquement vers les pays arabes, rompit avec Israël, libéra et réhabilita ses opposants « nordistes » devenus ses plus farouches partisans. Des transfuges du FROLINAT furent récompensés avec des postes sensibles dans l’appareil d’Etat. Tombalbaye s’allia les faveurs de certaines chefferies puissantes du grand Nord, tel que Iriba ou des tribus hostiles au FROLINAT en l’occurrence les arabes Missiriés de feu Acyl Ahmat, qui lui prêteront main forte jusqu’à sa chute et sa mort. Ces manœuvres mirent un temps en difficulté les groupes rebelles du FROLINAT.<o:p></o:p>

    Le tournant   
    Après avoir joué pour Tombalbaye, un personnage obscur allait marquer une rupture dans les plans machiavéliques de celui-ci. Il s’agit de Hissène Habré (HH). Initialement « infiltré », semble-t-il par Tombalbaye et les services secrets français dans la rébellion pour la contrôler de l’intérieur, HH allait vite trouver ses propres marques, ayant constaté le vide intellectuel et idéologique qui prévalait au sein de ladite rébellion. Favorablement accueilli par Goukouni Oueddeï et placé à la tête de la 2e armée basée au Tibesti, HH allait organiser le rapt des européens dont Mme Françoise Claustre en 1972 à Bardaï. La rébellion du FROLINAT allait bénéficier durablement du coup médiatique de cette affaire « terroriste » de prise d’otage. Tombalbaye échouera aux portes de Bardaï. Sa volte-face anti-française (opération authenticité, campagne contre « Dopelé » Foccart
    ) lui coûtera la vie des mains des membres de sa propre armée et non pas du FROLINAT son ennemi juré !<o:p></o:p>

    L’incompétence des successeurs      
    Arrive au pouvoir, le 13 avril 1975, le Conseil Supérieur Militaire (CSM), pratiquement le régime le plus médiocre qu’a connu le pays. Les officiers de Tombalbaye, mal préparé à la gestion du pays et manquant de culture politique, allaient précipiter l’Etat dans la déchéance irrésistible. Le général Félix Malloum, chef de l’Etat, se trouva bien seul à croire en sa « politique de réconciliation nationale » avec la rébellion du FROLINAT, la fameuse politique de « la main tendue ». Dans son entourage militaire, deux tendances opposées : les partisans de la force autour de Kamougué d’un côté et de l’autre ceux de la neutralité de l’armée avec feu général Djogo. Très vite, les incohérences des militaires donnèrent le change aux deux grands groupes du FROLINAT issus de la scission
    de 1976 entre HH (CCFAN) et Goukouni Oueddeï (FAP) de se réorganiser, de s’équiper d’armements modernes et de menacer directement la capitale N’Djaména. La spécificité arabe blanche vaudra la création du Conseil Démocratique et Révolutionnaire (CDR) de Acyl Ahmat, souvent considéré à tort ou à raison comme la marque de l’invasion arabe et islamiste sur le Tchad.<o:p></o:p>

    La fin d’un système de gouvernance 
    Avec la chute de la prestigieuse garnison de Faya Largeau en février 1978, la plupart des cadres civils et militaires « nordistes » furent convaincus que le pouvoir « sudiste » vacillant de Malloum ne se relèverait plus jamais et que la route de N’Djaména était désormais ouverte. C’est alors qu’interviendra la lutte des tendances dites « politico-militaires » pour la conquête du pouvoir par les armes dans le jeu politique tchadien. Le premier qui s’installe aux bords du Chari devra s’imposer aux autres, telle sera jusqu’à ce jour la règle cynique de l’alternance, après le coup de force institutionnel fait par Tombalbaye ! La défaite de Faya Largeau, qui démontra l’irresponsabilité des membres du CSM accrochés aux délices du pouvoir à N’Djaména, causera le basculement de la grande majorité des « sudistes » dans la tendance radicale « anti-nordiste FROLINAT », civils et militaires compris. Désormais, le mot d’ordre politique des « sudistes » sera jusqu’à ce jour « 
    <st1:personname w:st="on" productid="La Survie">La Survie</st1:personname>  » à tout prix. Sans entrer dans trop de détails connus ou volontairement occultés, on retiendra simplement qu’après avoir perdu pied à N’Djaména (le pouvoir central), les « sudistes » tenteront l’expérience de l’autonomie dans un premier temps avec Kamougué sous le Comité permanent pendant 3 années au Sud (« Zone méridionale »). Cette expérience finira en queue de scorpion à cause des divergences inter-sudistes ravivées : une partie de l’ex-armée nationale tombée dans le piège de la défense du « terroir d’origine » de la majorité des soldats « sudistes » et devenue simple tendance, se rallia à HH et mis fin à l’aventure du Comité permanent.  <o:p></o:p>

    Cependant, la propension à la résistance « sudiste » ressuscitera une première fois sous HH avec les groupes Codos, sans réussir l’unité idéologique des « sudistes ». Puis, sous le régime actuel avec les groupes de Ketté Moïse et Laoukein Bardé, disparus. Il parait évident que les « sudistes » ont bien abandonné l’option de la lutte armée qui ne leur a pas réussi, en comparaison avec les mécontents du grand Nord. Aujourd’hui, certains « sudistes » attendraient comme des sujets hébétés l’avènement d’un Tchad unitaire, laïc, républicain (égalité des citoyens) et démocratique (Accord du 13 août 08 ?), qu’ils croient que d’autres, confusément « les rebelles », « les français » ou autres qui prennent des risques, accepteraient de le leur gratifier généreusement ?<o:p></o:p>

    Le nœud du problème           
    La grande leçon à tirer du règne chaotique du CSM étant que la résolution du problème tchadien dépend du contenu qu’on lui donne et de la capacité des hommes à s’assumer. Le CSM a perdu pour avoir marginalisé les forces vives du Nord, les cercles d’influences ethniques et religieuses, le recrutement et le bon traitement des « nordistes » dans l’armée. Malgré la valeur militaire incontestable et la bravoure de nombre d’officiers et soldats « sudistes » de l’époque, ils seront pris au piège dans une guerre qui n’était plus celle d’une armée nationale mais des fractions tribales, régionales, religieuses. Ils ne pouvaient plus tenir sur un terrain hostile avec des populations réclamant leur départ et ne reconnaissant plus le pouvoir vacillant qu’ils défendaient. Aux « sudistes » d’en faire le bilan aujourd’hui !
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    Le recours     
    Pour revenir au Soudan, ce pays continuera à jouer un rôle grandissant dans le placement des chefs de guerre à la tête du Tchad, en l’absence d’une vision commune de l’Etat et de la république défendue par nos élites. Le Soudan n’est que le cheval de Troie d’un faisceau de puissances étrangères qui décident du sort des tchadiens restés immatures politiquement. Ce sont toujours des tchadiens qui vont, comme en 1965, demander l’aide soudanaise pour venir détruire leur pays, en tentant de s’emparer du pouvoir. Au contraire d’un autre voisin puissant du Nord qui avait un véritable conflit frontalier avec le Tchad, le Soudan attend patiemment d’être sollicité sans se fatiguer. A qui la faute ?
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    Leçons
    Il est de la responsabilité des compatriotes qui ont souvent flirté avec le Soudan depuis ces lointaines années, de faire le bilan de leurs gains, par rapport à tout ce que le pays a perdu et continue de perdre encore à cause d’eux. La vision rétrograde de l’Etat butin de guerre et vache à lait, la stratification de la société selon une logique pro esclavagiste, la violence qui fonde le droit et la tribu qui doit dominer sur l’Etat, qu’est-ce qu’ils ont apporté de « révolutionnaire » et qui pourrait être retenu comme tel tant par les tchadiens avertis que par les historiens ? Personne n’assumera cette responsabilité à leur place devant l’Histoire. Il est vrai que les luttes dites de « libération nationale » en Afrique et ailleurs se sont appuyé sur le soutien transfrontalier pour gagner. Cependant il n’y pas d’exemples, à notre connaissance, aboutissant à l’aliénation de l’identité et de la souveraineté d’un pays, comme ce fut le cas chez nous.   

    En résumé, l’héritage politique de Tombalbaye n’est pas étranger aux tentations qui détournent l’esprit des pseudo révolutionnaires une fois au pouvoir. Un, que se serait-il passé si Tombalbaye n’avait pas changé la florissante démocratie parlementaire des années 46-60 par le système de la pensée unique et le culte de la personnalité pour assouvir sa soif de pouvoir personnel ? Deux, voyons un seul instant la liste des évènements lugubres de notre sombre passé qui n’auraient peut-être pas eu lieu : révolte et répression urbaine du 16 septembre 1963, disparition des hommes politiques tels que Jean Baptiste, Silas Sélengar et d’autres en prison sous la torture (prémices de <st1:personname w:st="on" productid="la DDS">la DDS</st1:personname> ), révolte de Mangalmé 1965, coup d’Etat militaire du 13 avril 1975, etc., etc. Trois, y aurait-il eu le phénomène de la rébellion armée et de tous les cauchemars qu’il ne cesse d’infliger aux tchadiens ? Quatre, Tombalbaye aurait-il été tué par sa propre armée fatiguée de poursuivre un « ennemi intérieur » perpétuellement reconvertible ?    <o:p></o:p>

    Gains et pertes          
    Tombalbaye avait bien géré la république, avec un petit budget d’une dizaine de milliards CFA, une gendarmerie de 1500 hommes mal équipés mais formés, disciplinés et déterminés, une administration territoriale tenue avec prudence par des cadres dont le niveau dépassait rarement le Bac mais qui se souciaient de
    <st1:personname w:st="on" productid="la Loi">la Loi</st1:personname> , etc. Ce qui l’a perdu, c’est son obstruction à la démocratie qui l’avait pourtant amené au pouvoir, la soif du pouvoir personnel, éternel. La majorité des Saras Madjingaye n’avaient pas connu physiquement Tombalbaye durant son règne, mais eux et les autres « sudistes » paieront chèrement et injustement pour lui jusqu’à ce jour, même les faits imaginaires inventés pour recruter et motiver plus de combattants contre son régime !<o:p></o:p>

    Erreurs fatales          
    Tombalbaye a voulu torpiller la règle du suffrage universel et du pluralisme démocratique, dans un pays complexe, pour être toujours « l’homme providentiel » ou « l’ombre du manguier » selon des griots de l’époque. Tous ses efforts et ses succès éphémères ont favorisé sa déchéance dans la folie du pouvoir, sa chute et sa mort violente. Son ami El Hadj Ahidjo du Cameroun fut plus sage en partant à temps : son pays tient encore debout et continue d’attirer les responsables tchadiens qui veulent « décompresser » le week-end !
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    Conséquences
    En plus du conflit graduel Nord-Sud, Tombalbaye avait laissé faire son entourage tribalisé qu’il voulait transformer en cour royale haïtienne. Résultats : en 1978, au plus fort de la débâcle de l’armée majoritaire « sudiste » au grand Nord, des émeutes éclatèrent au Mayo Kebbi, contre l’hégémonie politique des Saras, les supposés « parents » naturels de Tombalbaye. Cette blessure sud-sud continue encore à entretenir des rancunes entre « sudistes » à l’esprit primitif, se traduisant par des coups bas et des incompréhensions systématiques à tout bout de chemin, pour leur grand malheur ! Si les élites du grand Nord seraient en train de vivre tragiquement le revers de la médaille du FROLINAT, leurs compatriotes « sudistes » ont baissé les bras depuis longtemps. Les leaders publiques « sudistes » sont restés handicapés par leur réflexe unique de survie et l’indifférence quasi volontaire envers la situation chaotique généralisée dans le grand Nord, telle une cynique revanche. Comme si personne ne devrait franchir le vrai faux mûr Nord-Sud qui est déjà pourtant tombé de lui-même, faute d’arguments, sous le coup des évènements contradictoires !

    Le chant du cygne     
    Si aujourd’hui la classe politique crie à l’unisson que la solution passe par la mise en œuvre de l’Accord du 13 août 08, a-t-elle tiré les bonnes leçons depuis Tombalbaye, quand on sait que les leaders de cette époque s’accrochent encore au perchoir sans rien apporter de nouveau ? Qui est réellement pour le triomphe du suffrage universel : un bulletin = une voix = un (e) citoyen ayant réellement qualité pour voter ? Qui est prêt à abandonner les armes, par amour pour son pays et à se plier aux règles communes dans tous les domaines? Pourquoi depuis plus de vingt ans, en matière pénale et criminelle, on consacre deux catégories de tchadiens irréconciliables : d’un côté les gens de la dia au-delà du 16e parallèle et de l’autre l’écrasante majorité des ethnies préférant l’entente et la conciliation entre elles ? Quand un jour le pouvoir inévitablement changerait de pôle socio idéologique, quelle sera la coutume qui sera imposée ? etc.
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    Et demain ?
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    Quand on sait ce qui se passe au Darfour, après avoir été pratiqué plus de 2O ans dans le Sud Soudan, quand on se réfère aux modes préconisés par ceux qui préfèrent le chemin de Rabah pour arriver au pouvoir et s’y maintenir en pratiquant la cruauté légendaire de ce dernier, on est encore loin de trouver une élite affranchie pour écourter les maux et fléaux importés au pays des Sao et de Toumaï. L’Harmattan souffle toute l’année du Nord-Est au Sud-Ouest et assèche tout sur son passage. Quand les Toyota ayant remplacé les chevaux de Rabah s’en mêlent, petit à petit, le Tchad devient un gigantesque désert, avec comme décor les champs de combats fratricides, une nature dégradée et des populations cannibalisées qui s’entredévorent ça et là loin de ce qui pourrait leur apporter réellement la paix et un peu de repos sur cette terre !… Tombalbaye avait-il pensé à tout cela ?
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    Enoch DJONDANG<o:p></o:p>

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